L'oeil souriant, l'allure débonnaire, il poussait
son chariot dans les rayons, plaisantait de temps à autre avec une ménagère et
au hasard de ses achats, scannait les codes-barres avec son lecteur (et oui, il
était un consommateur averti, soucieux de contrôler les prix et les erreurs
d'étiquetage !). Liste de courses à la main, il remplissait son caddy quand du
coin de l'oeil, il avisa une enfant d'environ 4-5 ans en pleurs. A ce grand
monsieur souriant, penché sur elle, elle confia d'une voix apeurée :
"J'ai perdu ma maman !".
Chevalier servant de la fillette, petite main dans
la grande main, il la conduisait de rayon en rayon d'abord vers une caisse où
il fut éconduit puis vers l'accueil salvateur où elle retrouverait le
cocon maternel. Le parcours se poursuivait, au rythme de la pitchounette,
rassurée par les paroles apaisantes de son guide. Tout près du point recherché,
proche de l'entrée/sortie de la grande surface de vente, il fut frappé, soudain, par
l'ambiguïté de la situation. La mère pouvait l'apercevoir emmenant son enfant
on ne sait où. La possible interprétation lui fit accélérer le pas et confier
rapidement la fillette à une hôtesse d'accueil.
Cette scène, au demeurant fort banale, est arrivée à Monsieur Chéri-Malou, il y a quelque temps déjà. J'ai trouvé cette mise en situation d'un ordinaire total et pourtant... Un adulte secourant une enfant peut donc être suspectée de je ne sais quelle perversité ? Vous pensez que j'exagère, que Monsieur Chéri-Malou est du genre parano ?
Et bien une histoire tragique s'est déroulée, il y a
environ 1 an à Brest. Peut-être avez-vous lu ce fait-divers dans la
presse ? Même situation à quelque chose près devant une école maternelle mais
conséquences funestes.
"Les faits remontent à une
dizaine de jours, à Brest (Finistère). Le retraité âgé de 65 ans, habitant aux
abords d'une maternelle, est aperçu dans la rue tenant une fillette par la
main, en direction de l'école. L'enfant vient de se perdre et l'homme la
raccompagne tout simplement auprès de sa mère. Mais plusieurs passants voient
tout autre chose. Pour eux, il s'agit d'un pervers sexuel. En
quelques heures, la rumeur fait le tour du quartier et la psychose monte. Le
lundi suivant, le retraité est une nouvelle fois aperçu dans les environs, seul
cette fois. Des parents d'élèves décident alors d'appeler la police et tentent
de lui mettre la main dessus. Une dizaine de personnes le pourchassent jusque
dans le hall de son immeuble et finissent par le bloquer dans un ascenseur
jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre. Celles-ci le font ensuite monter dans
une voiture, direction le commissariat. Mais l'homme suffoque et s'évanouit. Le
Samu est appelé en urgence et tente de le ranimer, mais en vain. Ce retraité
sans histoires décède d'une crise cardiaque foudroyante." RMC INFO 30/11/2011.
Deux autres faits similaires se sont produits : l'un dans
les Landes : accusation à tort de détention de photos à caractère pédophile,
l'autre dans le Morbihan suspicion d'enlèvement d'enfant. Rumeurs...rumeurs...
Protégeons nos enfants oui mais attention à la
tentation de se transformer en shérif, de contribuer à initier ou à propager
des rumeurs délétères, des calomnies qui peuvent briser la vie d'un
homme, d'une femme.
je sors de la projection du film " la chasse " de Vinterberg et votre billet a pour moi une résonance particulière. La rumeur, ce poison.
RépondreSupprimerCordialement
Je ne connais pas ce film qui n'est pas encore passé chez nous. J'en aime le thème et irai le voir dès que possible même si la critique est mitigée. Vous ne dites pas si vous avez aimé ou non. C'est vrai que la rumeur est un poison et elle a eu tant d'effets destructeurs dans bien des histoires et bien des affaires. Amitiés salines.
SupprimerJe comprends l'embarras de ton mari.Il est vrai que parfois une bonne action peut être mal interprétée, surtout dans le monde actuel où les pédophiles sont partout à rôder, d'ailleurs beaucoup d'enseignants masculins d'écoles maternelles sont sujets à ce problème, craignant que certains de leurs gestes, par exemple essuyer un enfant après qu'il ai fait ses besoins, soient interprétés comme un attouchement...
RépondreSupprimerBisous et très belle soirée Malou.
Hélas, oui, Laudith, tu décris une vérité déplorable qui déteins sur la société. J'ai envoyé mes enfants en centre de vacances, mais le ferais-je aujourd'hui ? Les pédophiles rôdent, oui, je le crois mais il me semble que nos enfants ne sont plus protégés suffisamment par la société.. Regardons la pub qui les expose, les petites filles à qui l'on donne des poses de femme ou que l'on habille de façon trop sexy. JE ne veux pas faire mon rabat-joie mais les pédophiles existent de tout temps mais peut-être, aujourd'hui, la société actuelle afaiblit un certain nombre de tabous qui régulaient les moeurs. Bises toutes ensoleillées (chez nous en Bretagne Sud).
SupprimerTon article est très révélateur.La peur est un fléau qui peut gangréner les esprits et transformer des faits insignifiants, et forcer les gens à mal les interpréter.Je trouve triste que dans notre société actuelle, des gens bien intentionnés soient forcés de culpabiliser à cause des idées mal placées de certains autres. Il y a toujours eu des "chasses aux sorcières" dans tous les pays et à toutes les époques...c'est bien triste.Le danger c'est qu'au final plus personne ne soit gentil, et ne porte plus secours à autrui, sous peine d'être mal compris...
RépondreSupprimerJe te fais de gros bisous ma Malou, une myraide de bises étoilées..
Que ta parole est d'Or, ma chère May. Tu as tellement raison sur le fait qu'être gentil, aujourd'hui, peut être interprété de vilaine façon. Si on est un homme, on est traité de séducteur ou pire encore de pervers, si l'on est une femme, un regard suspicieux ou étonné dévisage l'intruse. Parfois, miracle, la gentillesse rencontre un autre gentil et alors se crée un lien instantané et fugace qui fait chaud au coeur. Mille bises arc en ciel, ma May.
SupprimerBien sûr que. Vous êtes la bienvenue au coin du feu. Je n'ai pas assez de temps pour répondre aux commentaires de mon blog, mais je me fais une joie de butiner sur les pages des autres.
RépondreSupprimerBonne journée.
Jacques, merci de votre passage. Je vous ai reconnu car je me rappelle avoir évoqué le bon feu de cheminée sur votre blog. J'y retournerai volontiers. Merci pour l'invitation. A bientôt. Amitiés salines
SupprimerEvidemment, et heureusement qu'il y a des hommes bien sur cette terre !
RépondreSupprimerTu me fais penser que j'ai toujours eu peur de perdre une enfant dans la foule, quand elles étaient petites, j'aurais tant aimé alors qu'une personne charitable ou plutôt normale ait la sage idée de la raccompagner en lieu sûr.
Mais la société anxiogène fait que nous avons tendance à devenir paranos hélas !
Un bisou bien raccompagné de la main d'une ménagère ;)
Merci chère ménagère pour ton commentaire frappé du coin du bon sens. La société devient anxiogène et il nous faut nous prémunir contre ce sentiment en revenant à la simplicité des contacts humains sans arrière-pensée c'est-à-dire bienveillants.
SupprimerGros bisous bien veillants de Malou alanguie devant son feu de cheminée.
Je m'aperçois que ce matin, j'ai du être maladroit et je n'ai pas signé mon billet. Anonyme, c'était moi.
RépondreSupprimerPardon et...bonne soirée,
Jacques
Pas de problème, Jacques, comme vous avez pu le voir, je vous avais reconnu. Amitiés salines. A bientôt
SupprimerJe me rappelle de cette triste histoire dont tu rappelles les faits, Malou. Oui, la rumeur... se méfier de la rumeur. Elle peut tuer, la preuve...
RépondreSupprimerOui, quand mon mari m'avait raconté ce qu'il avait ressenti en raccompagnant cette enfant, j'ai une nouvelle fois perçu les excès de notre société actuelle qui veut tellement se protéger et en même temps n'est plus la gardienne de valeurs morales fortes. Tout cela nous fait évoluer dans un monde qui perd ses repères et qui se prend à avoir peur de tout. Très complexe! mais je me dis qu'il faudrait sans doute nous recentrer sur les valeurs fondamentales que les soixante huitards dont je suis ont fait sauter. Bises cristallines.
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