maman, mon premier Noël sans elle.
Cette belle fête de Noël, celle de l'an neuf furent pour Hélène telles qu'elles les avaient imaginées. De la joie, des chants, des jeux, des attentions portées aux uns, aux autres, des instants de bonheur disséminés de çi de là en un joyeux capharnaüm.
Que chacun se sente bien, heureux, voilà ce que veut Hélène et elle ne ménage pas ses efforts. De Noël jusqu'à l'Epiphanie, elle distribue voeux, chocolats, petits présents choisis avec soin, organise les agapes festives. Les bises claquent, les accolades se font chaleureuses, les poignées de main amicales. Autour d'un repas raffiné, d'un thé fumant, d'un café réconfortant, d'un chocolat chaud, on échange, on se chamaille, on partage, on rit. On n'oublie pas la tante Agathe, isolée mais reliée par le téléphone, on rend visite à la cousine Hortense, grabataire dans sa maison de retraite, on évite soigneusement les sujets qui fâchent, on se raconte les dernières aventures familiales qu'on enjolive un peu juste pour le fun, on s'esclaffe du dernier calembour un peu lourd de Tonton Gaspard, on s'attendrit à l'écoute du mot naïf du petit dernier...
...quand une petite voix cristalline rompt net ce bel agrégat familial : "Et grand-mamie Denise, est-ce qu'elle a froid, seule, tout là-haut, dans le grand ciel gris ?" "et son corps dans le cercueil, il va s'enrhumer ?"
Hélène, la grand-mère sait que le bonheur revêt mille visages et ce soir là, devant l'âtre, tout près du grand sapin étincelant, une onde de bonheur l'envahit, forte, intense. D'une seule phrase candide et tendre, cette petite fille par sa grâce enfantine a invité Denise, son arrière-grand-mère, disparue, à venir rejoindre sa famille, à la veillée, dans cette grande maison familiale.
Hélène lui en est tellement reconnaissante! Sans le savoir, sa petite-fille lui a fait un présent doux et réconfortant sur le chemin de son deuil. Chemin qui n'est guère reconnu quand il s'agit du décès d'une vielle dame de 92 ans, aux fonctions cognitives chancelantes, à la mémoire défaillante, à l'appétit délité. Sa Maman est morte en ce milieu d'été 2012, d'un coup. Son corps qu'elle ne voulait plus nourrir a lâché, doucement comme une bougie qui vacille et s'éteint faute d'oxygène. Le choc fut terrible pour Hélène qui ne voulait pas voir que la fin était proche. Hélène, sa fille, écartelée entre l'affaiblissement de sa mère et les naissances, en janvier et en mai, de deux petits-enfants.
Dans notre société, toute tournée vers le scintillant, l'immédiateté, le bonheur à tout prix, se donne-t-on encore le droit de pleurer la mort de sa propre mère, un jour de Noël, fête dédiée avant tout aux enfants ?
Alors, Hélène a enfoui son deuil au plus profond pour se tourner vers la joie de son entourage, vers le rire des enfants déchirant les papiers dorés.
Cette petite fille lui a donné une belle leçon d'humanité. La mort fait partie de la vie qui sait juxtaposer, en transparence, et tout naturellement, le sourire lumineux des enfants et la résurgence d'une bonne-maman aimante et belle.
De très jolis mots pour parler de cette bonne-maman, si aimante et si aimée. Ta maman avait 92 ans, Malou. La mienne en avait 88 lorsqu'elle est partie il y a eu 10 ans cette année. Les larmes et le chagrin dus à l'absence de la maman tant aimée n'empêchent pas la joie et le bonheur de la présence des petits-enfants, il n'y a rien de contradictoire à cela, car cela, comme tu le dis si bien, c'est la vie.
RépondreSupprimerJe te souhaite, ma chère Malou, tout plein de bonheurs et de joies pour cette nouvelle année 2013. J'espère pouvoir te rencontrer lors d'une escapade chez mon fils. Je t'embrasse très fort, ma douce amie.
Non, rien de contradictoire, c'est vrai. Mais la naissance de deux de mes petits-enfants, moments de joie pure, ces fêtes familiales où il est si important de faire rêver petits et grands m'avaient fait refouler ma peine. Et c'est vrai que cette mise en mots candide a tout remis à sa place comme d'un coup de baguette magique. Merci d'être là, Françoise. Je t'embrasse fort, ma belle amie.
SupprimerQuelle belle histoire émouvante !!!
RépondreSupprimerMerci de nous l'avoir si tendrement contée.
Je t'embrasse Malou.
Merci Marité pour ton empathie. Je t'embrasse. A bientôt.
SupprimerComme elle est belle Hélène dans ses mots ... pour le dire, ce sont les plus simples, les plus beaux, les contes de vie, et quelle paix je trouve dans tes mots, ma chère Malou, c'est l'amour qui perle, au fil des générations, la petite fille qui déchire le papier doré ( comme la scène est belle ! je la vois ) n'a pas peur d'aime haut ...
RépondreSupprimerJe reviendrai le lire encore, merci ...
Je t'embrasse en tendresse
Ma bien chère Véronica. Tes mots me sont doux. Il est si important de se sentir en harmonie dans ses ressentis les plus intimes. Dire sa douleur n'est pas forcément facile en famille où tout le monde porte la sienne. Et puis la maman est si sûre qu'elle doit protection à sa tribu. Et pourtant, se laisser aller à sa faiblesse est montrer son humanité, tout simplement. Je t'embrasse fort.
SupprimerTes mots sont très beaux Malou pour nous raconter ta douce maman... La mienne est décédée à 102 ans, il y a un an... Nos enfants et petits-enfants l'on tant aimée.
RépondreSupprimerComme tu le dis si bien, la mort fait partie de la vie... oui, c'est vrai.
Merci de ce merveilleux billet.
Mes bises chaleureuses
Ma chère Denise. Dans mes rêves, j'espérais tant que maman fête un jour ses 100 ans. Mais voilà sa santé déclinante en a décidé autrement. Et il est vrai que la mort fait partie de la vie. La naissance, le chemin de vie puis la mort. Merci pour ta belle empathie. Je t'embrasse.
SupprimerTrès émouvant ton témoignage . Je te souhaite malgré les chagrins une très belle année 2013.
RépondreSupprimerLa mort de ma mère n'attristera pas cette année 2013, elle l'accompagnera, cela est sûr, comme une douce présence qui me fera chaud au coeur. Je deviens la plus âgée de la tribu maintenant. Je voudrais trouver un nouveau sens à cette mission nouvelle. Je t'embrasse.
SupprimerUn billet qui m'émeut beaucoup...
RépondreSupprimerMardi aurait été l'anniversaire de ma mère, qui m'a quittée il y a 5 ans déjà...
On se rejoint toutes et tous dans notre humanité par la perte d'un être cher. Merci de partager ce moment chargé d'une forte émotion. La joie, la peine, tout se mêle, on rit, on pleure, on s'aime, ainsi va la vie en richesse et en intensité. Je t'embrasse, Norma, en ayant une pensée émue pour nos deux mamans.
SupprimerBelle et douce histoire. Je vous en remercie.
RépondreSupprimerBonne année 2013.
Jacques
Merci Jacques pour ton commentaire. Belle année 2013 à toi aussi.
SupprimerUn beau témoignage plein de tendresse. Il est bon d'évoquer nos disparu et encore plus lorsqu'il s'agit d'une maman. Je sais que mes grands parents manquent à la mienne... Mais comme tu le prouves,la mélancolie n'empêche pas de grands moments de joie !!! Belle soirée à toi. Bisous
RépondreSupprimerC'est exactement cela. La vie est faite de tous ces sentiments, de tous ces évènements qui jalonnent le chemin, naissances et mort. L'essentiel passe par le coeur et le partage. Maman est partie entourée par nous, se sentant aimée. Ca, c'est vraiment réconfortant, aujourd'hui.
SupprimerUn billet gorgé d'amour et de tendresse qui n'a cessé de m'émouvoir de la 1ere à la dernière phrase.Entre tes mots et l'émotion, on découvre aussi une douce sérénité, plus qu'une mélancolie, car c'est l'espoir et la vie qui perdurent en chacun de nous, même après la mort d'un être cher; et les générations futures en sont le magnifique témoignage.A nous, Enfants et petits enfants, c'est notre coeur et notre amour qui continuent à faire vivre et palpiter nos ainés, c'est pour ça que le vie est belle quoiqu'il en soit. Gros bisous tous doux ma jolie Malou!
RépondreSupprimerC'est vrai ce que tu dis, May. Je relève surtout les générations futures qui font perdurer le souvenir des anciens disparus. J'ai toujours été très touchée par ce que me disaient mes enfants de leur grand-père maternel, cet exemple donné, ces valeurs transmises. Il n' pas connu ses arrières-petits-enfants. Ma mère a su, malgré son grand âge, développer une relation unique avec eux. Les plus grands resteront marqués à jamais par ce lien et le transmettront aux plus jeunes. Cette chaîne des générations est très émouvante et me fait chaud au coeur. Cela adoucit, ô combien, la douleur de la perte d'êtres aimés. Je t'embrasse fort, ma belle amie. A bientôt.
SupprimerBonjour Malou
RépondreSupprimerCe billet d'amour ne peut que m'émouvoir alors que maman est actuellement hospitalisée ..La mort cotoie la vie ,c'est dans l'ordre des choses et même quand un parent atteint un grand âge,la rupture est déchirante,on l'accepte cependant à mon avis plus facilement en reportant cet amour perdu sur ses propres enfants et petits enfants...
Mes amitiés Pierre
Oui, mon cher Pierre merci pour cette visite, toi abonné à mon ancien blog. C'est très vrai ce que tu dis sur le report de l'amour sur nos enfants et petits-enfants. Je crois que ce qui se joue alors est une sorte de prise de conscience de la fragilité de la vie, conscience aussi que nous avançons d'un cran dans la chaîne des générations et que le temps devient de plus en plus précieux. Alors, il importe de renforcer les liens avec les plus jeunes pour leur permettre à eux aussi cette avancée dans la chaîne familiale. Je t'embrasse Pierre et vais aller te faire une petite visite. Il y a si longtemps (sourire).
SupprimerMa visite a tourné court, tes blogs sont en construction. Je me inscrite à un de tes blogs avant même son ouverture, en confiance, la bannière est magnifique. Bises.
Supprimerj'aime cette dame, son beau visage serein donne des envies de devenir meilleur !
RépondreSupprimerBises Malou
Ô merci Nettoue, cela me fait très plaisir ce que tu me dis sur ma maman. Oui, elle avait un beau visage bienveillant et pour moi toujours un peu énigmatique. Cette maman dévouée et aimante avait tellement de mal à parler d'elle. Je t'embrasse.
SupprimerBonjour Malou, merci d'être passée sur mon blog.... Tu sais je ne t'avais pas oubliée mais je ne savais pas que tu avais ouvert un blog sur une autre "plate-forme"..... Cet hommage est magnifique, plein de tendresse et d'émotion, les mots sonnent justes, et tu as raison la mort fait partie de la vie, c'est ainsi depuis la nuit des temps ! comme cette Dame a un visage doux, serein et bienveillant..... Bonne soirée, bisous à bientôt. "Miss Mary"
RépondreSupprimeroui, j'avais ce qu'on appelle "une mère inconditionnelle". Quoi que faisaient ses enfants elle était là, bienveillante et elle évoluait avec nous. Je lui en suis tellement reconnaissante. C'est aussi pour moi un modèle sur ce point là en tout cas. Bien entendu, je suis lucide sur ses points faibles mais ce sont eux qui nous font humain. Je t'embrasse.
SupprimerUn billet bien émouvant, pas facile d'être séparé des êtres qui nous sont chers, mais comme on dit : la vie continue...
RépondreSupprimerGros bisous et très belle semaine Malou.
Oui, la vie continue et quand on est allé jusqu'au bout du chemin avec l'être aimé, on a peu de regrets et cela aide énormément à faire son chemin de deuil. Je t'embrasse, Edith.
SupprimerQuel beau visage que celui de ta maman..
RépondreSupprimerTrès bel hommage à une dame qui avait donné tout son coeur et qui avait sa place dans le coeur d' une petite fille ...Les enfants sont souvent de bons messagers...
Dans mon entourage trois jours avant Noël deux petits enfants ont perdu leur maman , elle avait 34 ans...elle fut enterrée deux jours après ...Il y aura toujours à Noël , fête de la vie le souvenir d' un grand départ pour ses petits..:-((
La vie est parfois cruelle mais elle continue...
À bientôt Je t' embrasse
Je compatis vraiment sincèrement au drame vécu par ces petits. Perdre leur maman à un âge si jeune est un vrai cataclysme. J'espère qu'ils ont très près d'eux des adultes bienveillants qui leur permettront une véritable résilience. Cette blessure toutefois est à jamais dans leur conscient ou leur inconscient en fonction de leur âge. Merci pour ton beau commentaire chaleureux et sensible, Mathilde. Je t'embrasse.
SupprimerLa vérité sort de la bouche des enfants, dit-on. Cette vérité-ci est profonde : la vie et la mort, la tristesse et la joie, sont intimement mêlés. Le nier, faire semblant, refouler sa peine parce que c'est le temps de la fête n'est pas la meilleure façon de faire son deuil. Parler vrai, par contre, aide à surmonter ou, plutôt, à intégrer la nouvelle donne : elle ne sera plus jamais là, mais elle reste dans nos coeurs, douce et tendre, bienveillante, éternellement, inconditionnellement mère, comme tu le dis. Chère Malou, je te souhaite de pouvoir conserver les souvenirs de ta maman comme tes biens parmi les plus précieux et de n'avoir jamais peur de parler à quiconque ni de ta peine ni de ton bonheur d'avoir été aimée par elle et de l'avoir aimée. Belle année !
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