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Sa réunion se terminait, elle les regardait un à un ces syndicalistes, ces représentants du personnel...une fois de plus, elle leur avait présenté les grands projets de l'année suivante, une fois de plus elle avait conquis son auditoire. Elle allait serrer des mains, recevoir les compliments d'usage. Elle entendrait : "magnifique votre prestation... Excellent travail... Grâce à vous, les équipes vont progresser et atteindre un haut niveau de qualité...etc..."
Ces compliments, elle en avait l'habitude. Une sorte de malaise la submergeait, proche de la honte du travail insuffisant qu'elle avait mené. N'y aurait-il personne pour se rendre compte qu'elle usurpait ces évaluations laudatives ? Comme d'habitude, ce sentiment de n'avoir pas été à la hauteur des enjeux la submergeait jusqu'à la nausée.
Pourquoi donc ce sentiment d'avoir produit un travail insuffisamment approfondi ? construit à la dernière minute dans la précipitation dans une sorte d'exaltation et de stress galvanisant. Elle avait mené les dernières réunions de concertation, produit les argumentaires, la faisabilité, les synthèses, trouvé les financements. Elle avait eu quelques éclairs de génie qui lui avait permis à la dernière minute de boucler le..les dossiers. Elle avait eu l'impression de marcher sur un fil ténu telle une acrobate de haut vol.
Ce sentiment excitant d'avoir vaincu tous ces obstacles, ces objectifs qu'elle s'était elle-même fixé.. toujours plus hauts comme si elle préméditait une chute qui ne venait jamais...elle avait une fois de plus réussi la performance de convaincre d'un talent qu'elle était certaine de ne pas détenir.
Un travail considérable accompli et un ressenti diffus d'être une impostrice, de ne pas mériter le succès qu'on lui attribue, sa réputation d'efficacité, d'efficience, de performance.
Elle ne se réjouira pas des lauriers tressés, elle ira au pot de fin de réunion, sourira, se montrera dans la lumière, jouera le rôle du cadre brillant cachant tout au fond d'elle sont manque d'assurance, sa mésestime d'elle-même, sourde à sa petite voix intérieure qui lui rappelle toujours et toujours qu'elle aurait pu mieux faire......
(1) Illustration : François Maret
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RépondreSupprimerPetit bonjour chez toi Chère Malou.
Merci pour ce texte ! Je suis certaine que cette personne fait un travail considérable et qu'elle est très méritante.
GROS BISOUS et bon mardi !!!!
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Bisous Nancy. A bientôt.
SupprimerBonjour Malou,
RépondreSupprimerCulture du toujours plus ? Il en existe des personnes comme elle qui ne sont jamais satisfaits... la question est : aurait-elle pu faire mieux ? Si elle n'a jamais eu de retours négatifs, c'est vraiment une obsession qu'elle devrait faire soigner avant de se mettre réellement en danger.
Bonne journée
Bises
obsession dis-tu ou peut-être mésestime d'elle-même, manque de confiance en elle. Ce syndrome de l'imposteur est bien connu en psycho. Je t'embrasse ma chère Moun.
SupprimerTon billet m'a de suite fait penser à un film que j'ai vu hier sur la TV belge : In the Air avec George Clooney, relatant la vie d'un spécialiste du licenciement travaillant pour des multinationales qui comprend tout à coup que sa vie n'a guère de sens.
RépondreSupprimerJe t'embrasse et te souhaite une agréable journée Malou.
Bien vu Edith...il y a comme du sens qui manque à cette vie qui comporte bien des fragilités. Bises
SupprimerLa petite voix intérieure est à prendre en compte, mais peut-être que cette voix lui susurre des mensonges depuis toujours, selon l'éducation reçue. En tout cas, une remise en cause s'impose !
RépondreSupprimereffectivement, Lily, il s'agit bien d'une éducation, d'une transmission qui a fait basculé cette personnalité dans un total manque de confiance en elle. Ce pourrait être une mère toujours insatisfaite exigeant de sa fille toujours plus de résultats, de compétences. Peut-être d'autres hypothèses peuvent être avancées. Merci pour ta visite Lily. Je t'embrasse.
SupprimerFaire de son mieux, avoir une attitude juste, cela devrait suffire à notre contentement
RépondreSupprimerLe problème est de savoir quelle est l'attitude juste car nous sommes pétris de schémas psychologiques transmis par nos parents. Ils nous marquent profondément et nous passons parfois toute une vie sans pouvoir s'en défaire car ils sont souvent inconscients. Je t'embrasse Gazou.
SupprimerBonsoir ma chère Malou, bien sûr que l'on peut faire toujours mieux mais cette personne pensait faire de tout son mieux, sincèrement.
RépondreSupprimerSi cette personne est objective, elle ne doit pas se sous-estimer...
Gros bisous, Malou et douce soirée.
Voilà le noeud de son problème, elle se sous-estime, pense qu'elle n'est pas à la hauteur. Malgré tout le travail abattu, son sens du perfectionnisme, elle ne pense pas mériter des compliments qu'elle n'a jamais eus pendant son enfance. Inconscient, quand tu nous tiens. Je t'embrasse Denise.
SupprimerBonjour Malou
RépondreSupprimerC'est de toi dont tu parles? Le début d'une nouvelle? J'aime le dessin.
Merci de ton passage sur mon blog.
Belle soirée.
Bises.
Evelyne
Le fait de dire "Elle" ouvre toutes les suppositions. Je n'aime pas trop parler de moi. Je préfère mettre en scène des personnages qui me ressemblent ou non. Merci pour ta visite. Je t'embrasse ma chère Evellyne.
SupprimerC'est triste cette lutte où l'on finit toujours par perdre. Je préfère l'adage qui dit que le mieux est l'ennemi du bien, que Paris ne s'est pas fait en un jour. Ne pas surévaluer ses forces et sa résistance, rester modeste tout en étant ambitieux de toujours mieux faire, ne pas se dévaloriser. Mais c'est tout un travail et parfois les bras en tombent... mais c'est possible... Il faut savoir rester humble mais aussi savourer ses prouesses. Bisous
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