"Plus on a, moins on possède."
Maître Eckhart
"La simplicité est un goût qui s'acquiert. L'homme, laissé libre, d'instinct complique sa vie."
Katharine Fullerton Gerould.
Mon regard virevolte, tourbillonne, se pose de çi de là, soudain léger, serein, empreint d'un plaisir profond et joyeux.
De loin en loin, je me rappelle tous ces objets témoins d'un passé aujourd'hui rangé au rayon des souvenirs. Ce besoin de conserver près de soi ces traces de personnes aimées disparues, ces cadeaux-marques de l'affection de nos proches, ces statuettes-souvenirs de nos voyages, de notre vie passée.... besoin de remplir l'espace pour combler une vacuité existentielle au plus profond de nous ? souhait de se créer un cocon maternant tissé de fils de soi(e), ultime protection contre un présent aléatoire et un avenir imprédictible, tapissé de tant d'incertitudes ?
Et puis un jour, au fil d'un ancrage plus profond, d'un chemin de vie intensément exploré, d'une recherche philosophique, d'un mieux-être psychique, d'un étayage construit solidement, on se surprend à se délester du vieux buffet acquis il y a 30 ans, de ces bibelots à dépoussiérer, de ces photos reléguées au fond du grenier, de ces souvenirs des générations précédentes qu'on regarde si rarement voire jamais.
Désencombrer son environnement va ouvrir une sorte de cohérence intérieure, un recentrage sur l'essentiel. Ne nous leurrons pas, cette nouvelle façon d'être diffuse lentement en nous, alimentée par une source intérieure qui nous amène doucement à nous alléger et à nous sentir bien plus riche de sensations nouvelles.
J'ai approfondi mon expérience détachement en donnant à mes enfants l'ensemble de leur mobilier d'enfance et d'adolescence et quelques meubles de ma vie de jeune fille ou du mobilier ayant appartenu à mes parents. J'adore ces symboles de transmission de l'histoire familiale. Comme si, arrivés à l'âge de la maturité, nous n'avions plus besoin de ces supports matériels à notre bonheur, comme si les forces physiques s'amenuisant au profit de notre force intérieure nous pouvions procurer à la génération nouvelle cette assise dont leur jeune âge a besoin.
Ces nouveaux comportements sont assez jubilatoires, on a vraiment l'impression de s'unifier loin de toutes ces choses qui finissent par éparpiller notre attention, notre énergie.
On découvre alors sa maison épuré, resplendissante d'une lumière éblouissante, on se noie dans des perspectives que nul objet n'arrête, on danse dans les pièces désormais plus grandes, on rit dans les miroirs, on admire quelques tableaux amoureusement choisis, on laisse le regard se réapproprier la maison toilettée, apurée. On respire un air pur, débarrassé des miasmes du passé, on met en exergue quelques rares beaux objets - réminiscences qui font lien à son histoire vie et on savoure la beauté nouvelle de sa demeure dépouillée de tous ses oripeaux amassés.
"Avec trop, on se perd, avec moins on se trouve"
Tchouang Tseu.
Bonjour Malou,
RépondreSupprimerEtant minimaliste déjà de caractère et déménageant souvent, ce "remue-ménage" est courant. Je ne garde que les objets offerts par mes enfants petits ; ceci dit, comme ils connaissent ces délestages réguliers, ce sont des cadeaux d'instants, de bonheur, ceux-là même que je privilégie.
Excellent week-end
Je t'embrasse
Tu n'as donc pas fait le même chemin que moi. J'ai moi aussi beaucoup déménagé dans ma vie mais j'ai tout emporté avec moi grâce à des déménageurs efficaces...je n'arrivais pas à jeter les objets souvenir, j'aurais eu l'impression de mettre une partie de moi à la poubelle. Désormais mon évolution intérieure me conduit à ce minimaliste qui me fait tant de bien. Je t'embrasse, ma chère Moun. A bientôt.
SupprimerNous aussi, nous vivons dans une maison "épurée", et je me sens bien dans cet environnement aux lignes pures qui accentuent son calme...
RépondreSupprimerTrès belle journée, Malou, je t'embrasse.
Tu ne dis pas si c'est suite à une évolution ou si vous avez toujours vécu dans des maisons "épurées" ? Je t'embrasse Norma, à bientôt.
SupprimerUne grande sagesse Malou...ici ce sont les enfants qui ne veulent pas de ce qui était leur et...qui "hurlent" quand je parle de faire le vide... ils ne sont pas encore prêt, alors ...j'entasse !
RépondreSupprimerBelle journée , Je t'embrasse Malou
Pour mes enfants, il y a quelques années, j'ai fixé une date limite : un 31 décembre ! Symbolique ! pour leur dire d'emporter chez eux tout ce qui leur appartenait ... sinon je mettais tout aux encombrants..... Comme ils savent que je tiens mes promesses.... ils ont tout emporté !!
SupprimerJe suis pas un garde-meuble, ni un garde souvenirs....
Je ris car je suis passée par la case Josette puis par celle d'Alain sauf que je n'ai pas tenu la date limite. Du coup, j'ai procédé par touches successives, meuble par meuble que nous avons porté nous-même chez eux. Mais il reste encore à débarrasser e grenier et la cave. Par contre, la maison elle est vraiment débarrassée et ça cela m'éclate (si vous me permettez cette expression triviale mais c'est pour faire le lien avec un article d'Alain...sourire!!)Je garde dans ma manche pour très bientôt la menace d'Emmaüs venant vider grenier et cave...et cela risque là de faire bouger les choses....) et en plus je ferai un geste de solidarité entre les plus démunis ......
Supprimer.. tu as su mettre si bien en mots ce que je ressens, .. ô combien d'accord avec toi ma chère Malou... je suis dans la période où j'ai envie de changement, d'un désencombrement tout autour, d'abandon même, d'autre chose... "d'un ancrage plus profond"... "d'un recentrage"vers moi... retrouver mon chemin.perdu, ma trace... j'aime la maison vidée de ce trop qui engorge... et cet "épuré" retrouvé à la source permet une clairvoyance lumineuse..
RépondreSupprimertrès belle écriture ..
Merci pour le partage.
Den
il me semblait bien voir sur ce chemin emprunté une silhouette qui me parlait de façon familière...c'était donc toi ? alors continuons ce partage riche et profond. Merci pour ce partage osmotique. Je t'embrasse chère Den. A bientôt.
SupprimerBonjour Malou
RépondreSupprimerCela peut paraître curieux, mais quand j'ai découvert l'univers étonnant du haïku, c'est à dire : l'esprit de la culture Chinoise et japonaise avec sa véritable philosophie Zen - pas avec la fausse représentation que nous pouvons avoir en occident - la notion d'ECONOMIE de paroles, de mots, d'objets, de personnes, m'est apparue une nouvelle façon de vivre.
Pardon si je ne suis pas très clair.
Merci pour ce billet important.
Amitié
il faudra que j'approfondisse plus encore la philosophie Zen dont tu parles. J'ai trop peur de faire partie de la fausse représentation dont tu parles (sourire...). Bon, j'ai commencé par la notion d'économie d'environnement, par les Haïkus, Senryus, Tankas etc... je viens de commencer le Qi Qong, l'élève Malou est-elle sur le bon chemin, professeur Yanis ? Amitiés. A bientôt.
SupprimerBonsoir malou
SupprimerJe ne suis professeur en rien, ni pratiquant du zen. Je suis seulement un modeste croyant orthodoxe qui ne souhaite pas se replier sur sa chapelle, et qui a découvert dans la poésie COURTE Japonaise, l'esprit de sobriété et de dépouillement à l'instar de l'enseignement des Pères du désert.
Chaque jour - dans la conscience de ce jour - est le meilleur enseignement qu'il soit.
Belle et douce soirée.
Ah! Oui! Nous pourrions dire:¨Il est plus difficile à celui qui s'encombre de tout, d'entrer en lui-même, qu'à un chameau de passer par le chas de l'aiguille!¨
RépondreSupprimerHélène*
jolie maxime, elle me va Hélène. Amitiés.
SupprimerJ'ai emprunté le chemin que tu indiques.
RépondreSupprimerJe n'ai gardé que certaines choses qui "font sens".
Outre que ça fait de la place.... C'est aussi comme une libération intérieure, un détachement qui doit se manifester concrètement.
Mais il m'a fallu du temps....
Il faut du temps, dis-tu, j'en suis bien d'accord. Ce week-end alors que l'une de mes petites-filles me disait son plaisir de voir mon environnement qui se dépouillait, je me suis surprise à encore enlever quelques objets. J'aurais pu les lui proposer mais j'ai préféré passer par l'étape intermédiaire de la cave comme si un dernier lien m'unissait encore à eux. Pas facile quand même ce chemin même s'il est libératoire et jubilatoire.
SupprimerC'est quand même étrange: nous passons la première moitié de notre vie à acheter et la seconde à nous débarrasser peu à peu de ce que l'on avait acheté...
RépondreSupprimerEtrange peut-être mais surtout très excitant comme si on donnait un sens à l'âge qui avance. Les parents construisent pour leurs enfants un hâvre de sécurité, d'amour, d'éveil. L'adulte devenu autonome bâtit sa maison, son cocon pour y protéger sa famille et la fortifier en faisant lien avec les générations précédentes. La personne mature puis vieille se débarrasse, au fil des ans, de ce qu'elle considère comme un fatras devenu inutile au fur et à mesure qu'elle se construit un cocon intérieur, un détachement, une liberté psychique pour aborder, le jour venu, la dernière ligne droite qui la conduira vers le dépouillement absolu, le "der des der". A bientôt Célestine sur ce chemin des années sur lequel j'ai de l'avance par rapport à toi...(sourire..)
SupprimerSerais-tu la grande sœur que la vie ne m'a pas donnée? :-))))
SupprimerBonjour Malou, ces derniers temps, je fais un peu comme toi cela suite à notre inondation du sous-sol en juillet de cette année. Je commence gentiment à faire du tri et il faudra bien que je me débarrasse de choses encombrantes et d'objets inutilisés pour y voir plus clair et se sentir mieux. Il y a encore beaucoup à faire mais petit à petit.
RépondreSupprimerJe t'embrasse.
petit à petit c'est ainsi que j'ai procédé. Aujourd'hui que mon nid est épuré, il m'arrive encore d'enlever de çi de là et de constater que c'est encore mieux ainsi. J'ai encore du chemin à faire dans le grenier et dans la cave où le désencombrement est bien loin d'être terminé. J'aimerais que mes enfants viennent prendre ce qui les intéresse mais voilà c'est : "maman, tu as de la place, on verra cela plus tard" "ce sont des souvenirs, maman tu ne vas pas tout jeter ou tout donner à Emmaüs quand même". La question est "combien de temps vais-je continuer à accepter d'être déposséder de la satisfaction à mes propres besoins sur ce point ? " je laisse encore du temps au temps avant sans doute de trancher dans le vif. ouille, ouille! (sourire). Je t'embrasse.
SupprimerBel article qui donne à réfléchir
RépondreSupprimerLe partage d'expériences fait souvent réfléchir et c'est tout l'intérêt des blogs.
Supprimer✿ Bonjour chère Malou et merci pour ces mots.
RépondreSupprimerJe lis et je relis et j'aime parce que ce texte me donne à réfléchir. Il est très intéressant.
Je ne suis pas très attachée aux objets et plus j'avance dans ma vie et plus j'ai envie d'avoir moins de choses.... (Patrice est comme moi heureusement !) ce que je garde précieusement ce sont les écrits, les mots, et les photos ... ça oui j'y suis fort attachée.
Passe un agréable début de semaine ☀
Meilleures pensées d'Asie. ✿
C'est vrai, Nancy que j'ai pris un plaisir fou doublé d'une grande émotion quand, au décès de ma mère, j'ai recueilli tout un fatras de vieilles photos, de vieilles lettres et de ces petits mots d'amour que l'on fait volontiers quand on aime. Pour le coup, j'ai décidé de trier et de classer mes vieilles photos et de conserver tous les petits d'amour dans une boîte dédiée. Dans un grand élan de passion amoureuse, j'ai détruit, en son temps, les lettres d'un amoureux d'antan par respect pour mon mari. Je le regrette aujourd'hui car finalement cela fait partie de mon histoire de vie. Je t'embrasse ma chère Nancy. Merci pour ta présence chaleureuse et attentive à chacun de mes billets.
SupprimerBonjour Malou, bonjour à tous amies, amis ... Je ne vous oublie pas ... mais oh, je passais par hasard ;) ce billet est pour moi ! en plein déménage-aimant ! Oh et je viens prolanger les mots des uns des âtres ... Oui, je suis d'accord, ça fait tellement de bien de laisser, après et surtout quand on a beaucoup aimé nos objets animés ! ceux-ci pour les passer, tu parles en effet de don ( voire de jeter mais n'est-ce pas tellement plus beau d'arriver à donner, que l'objet puisse servir encore après nous, aussi humilité du geste qui se sépare ... ) je parle de passeur d'âmes ( tout ce que nous avons aimé, si bien sûr, quelqu'un d'autre le trouve à son goût, ou pour son utilité, qu'il le prenne ) ouvrir ses bras et son coeur : prends, frère humain ! au départ pas toujours facile, on est attaché, ça a coûté cher etc ... mais ça s'apprend et apprend on s'en trouve plus riche: je dirais m'aime : l'effet est immédiat ! je suis en plein de dans ...
RépondreSupprimerCependant, ( tout deux m'aiment ... sourire ) il ne s'agit pas de faire ce que j'observe dans les médias, à la télé, tu sais ces émissions qui foisonnent partout en Europe et aux USA d'abord, et qui "homent stagent " tout chez les gens, les rendent complètement dépouillés de leur propre identité, ou comment transformer sa maison qui a une âme, son bout de vie personnel et particulier en des univers aseptisés tous les mêmes ! sans photos, propres ( trop propres) avec des meubles hic et ah ! quand on ne veut plus parce que c'est ringart !!! de l'armoire en noyer et glands de Revel ! de grand-mère, eh bien non !!! non non ! mopi je veux garder un peu, juste un peu le souvenir la trace des ces êtres trop peu connus qui nous ont précédé, je veux bien apprendre que c'est dans l'ouverture et l'extérieur le vrai chemin de soi, mais que si je garde un petit bout de moi et de la famille comme j'aime à l'intérieur, ça ne m'empêchera pas de vivre mieux en fraternité, d'aller vers le Ciel qui m'attend ... Etre plus simple, oui, j'y aspire chaque jour, garder l'essence-ciel, oui, je suis volontaire pour ça et consciente de l'inutilité de beaucoup d'accès soir ! ( tiens d'ailleurs pour info qui n'est qu'un exemple : je réduis ma batterie de cocina, la moitié de mes casse-rôles est partie ! ) il n'y a pas d'âge pour apprendre à mieux vivre naisse pas ! mais laissons-nous le droit de garder notre personnalité, nos quelques objets animés qui ont part couru et donné notre vie, pour toujours mieux aimer l'autre ...
J'espère pas trop langue !!!
Heureuse d'avoir passé ce moment avec toi ... avec vous.
Je retourne me cacher ...
à bientôt chairs âmes !!! car vous l'êtes !
Veronica qui, un jour, reviendra ...
:)
Veronica, tu résumes fort bien beaucoup de mes ressentis. Désencombrer oui mais il est hors de question de jeter sans discernement. Tu sais, ce que je jette ce sont des petits bouts de choses dont on se dit "cela servira un jour" et finalement on oublie qu'on les a et cela ne sert jamais. Pour les autres, je commence à les proposer à mes enfants, à mes proches et ensuite je donne bien sûr à Emmaüs pour que cela profite à d'autres moins favorisés par la vie. La seule question qui parfois me taraude c'est : peut-être qu'un jour mes petits-enfants auraient été contents de les utiliser. Rien n'est simple.
SupprimerJe suis vraiment d'accord avec toi sur le fait de ne pas home stagginiser nos intérieurs qui deviendrait totalement insipides et normatifs. Quelle horreur ce serait. Nos nids doivent nous ressembler, je te rejoins totalement.
Non, tu n'as pas été trop langue, je suis heureuse que tu aies pris le temps de t'arrêter ici et d'y déposer tes mots. Je t'embrasse fort ma chère Veronica. Courage pour le gros travail que tu entreprends et à bientôt!
Il serait temps que je fasse du vide, moi aussi, au moins dans mon bureau, pièce pas très grande, mais remplie, et je sens que je commence à étouffer. Faire du tri dans mes armoires aussi. Surtout que j'ai remarqué qu'à chaque fois que je fais du tri, je me sens bien, plus légère. Par contre, je possède encore quelques objets ayant appartenu à mon père, et puis à ma mère, et là, non, je ne suis pas encore prête à m'en séparer...
RépondreSupprimerBelle journée à toi, chère Malou. Je t'embrasse fort.
Des objets, mais surtout des bouquins, des bouquins et encore des bouquins, que je ne relirai sans doute jamais, mais dont je me sens bien incapable de me délester. Tu as fait un parcours intime et philosophique dans lequel je ne me sens pas encore prête à mettre des pas. Au contraire, j'accumule pour l'instant les traces de vie de ceux qui m'ont précédés et c'est comme un façon de les ressembler autour de moi, de me rassurer sans doute, de me conforter peut-être dans l'idée d'une "immortalité" de notre lignée, ce qui ne m'empêche pas à certains moments de vouloir tout bazarder. Belle réflexion en tout cas, belle écriture !
RépondreSupprimer