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mercredi 26 novembre 2014

Non ! ce cri d'il y a bien longtemps et qui résonne encore !



 “Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement.
 Il suffit d’écouter les femmes. 
C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame” 
Simone Veil le 26 novembre 1974.

Un drame, oui, tapie au plus profond de soi car il me semble qu'on ne fait jamais le deuil totalement de ce qui aurait pu être et qu'on n'a pu laisser éclore. 

J'ai écrit ce texte sorti de mes tripes en 2008. Un jour, sur le clavier, mes doigts ont accouché dans un cri intérieur contenu de ce qui n'a jamais pu être mis en mot en son temps....

Elle ne le sait pas encore
Il est là,
Dans un grand sursaut de vie
Il se multiplie, il bouge, il vit
Elle ne le sait pas encore
Il migre... il se nide... là!


Elle ne le sait pas encore
Il construit son nid, sa vésicule de vie
Il se nourrit
Il se tapit sans bruit.
Elle ne le sait pas encore
inattentive à ces impulsions de vie.

Le sait-elle ?
Son corps frémit.

Sa conscience le dénie,
un cri intérieur irraisonné :
Non! c'est le plus mauvais moment!

Non, elle n'aura pas la force !
Non! elle refuse ce guet-apens!
Non! elle ne veut pas de cet enfermement!

Elle le sait, elle le vit
Son corps se révulse
Son coeur atermoie
Sa raison trie les possibles,

le couperet tombe.
Son être s'anesthésie
Dénie et se renie.

Dans la salle blanche
vêtue de blanc
elle titube seule
dans son linceul
son esprit navigue
divague, rompt la digue.

Sa chair crie de douleur,
Dédoublement de son esprit
Elle sort de la salle blanche
fantôme exangue
âme meurtrie
corps mutilé !

Solitaire
Mise à terre!


Août 2008

19 commentaires:

  1. C'est toujours une grande douleur morale certainement... mais ce que l'on fait à un moment donné c'est toujours la meilleure solution que l'on choisit ou du du moins la "moins pire" !
    Merci pour ce très beau texte Malou

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  2. Ce cri est plus que jamais d'acualité, car lescombats de nos mères et grand-mères ne doivent pas avoir été vains. Or il est des phrases entendues ça et là qui prouvent que le combats des femmes n'est jamais complètement acquis. Ce qui se passe partout dans le monde fait peur.
    Bref, nos filles et petites filles devront continuer, pour ne pas se laisser définir par les hommes.
    Ton texte-cri est remarquable. L'avortement est une douleur affreuse certes.Mais il existe des douleurs encore plus affreuses, le viol, la lapidation, l'excision et toutes les horreurs que l'on fait subir aux femmes depuis la nuit des temps.
    Bises Malou

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    1. C'est vrai ma chère Célestine que nos filles et petites-filles auront ce combat à continuer car rien n'est acquis car le monde est essentiellement gouverné par les hommes. Mais n'oublions pas que ce sont nous les mères qui élevons nos fils et leur transmettons nos valeurs d'égalité entre les sexes, de respect, de tolérance et de bienveillance. A chacune d'entre nous et à leurs pères de faire notre morceau de chemin sur la fraternité et la sororité.
      Je ne te suis pas, par contre, dans ton échelle de la douleur en fonction de son origine. La douleur est tellement subjective, elle dépend de notre intériorité, de notre sensibilité, de notre éducation et de notre culture, du contexte aussi. Et puis l'une (de douleur) n'exclut pas l'autre ou ne la minimise pas.
      La douleur de l'avortement est une douleur indicible, violente qui reste au tréfonds de soi, silencieuse, creusant son sillon dans l'inconscient. Parfois, une occassion ou une psychothérapie la fait émerger. Heureuse de te revoir ici malgré ma longue absence et merci pour ton commentaire toujours aussi argumenté et proche de mes ressentis.
      Bises Célestine.

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  3. Magnifique texte qui est comme un exutoire !!! Merci Malou de l'avoir publié. Le combat du droit des femmes à l'avortement n'est pas fini...
    GROS BECS

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    1. et oui, Marité, un exutoire sans doute. La publication de ce cri n'a pas été facile mais il m'a semblé en 2008 puis aujourd'hui qu'il était important de rappeler combien cette décision est déchirante. Gros becs à toi aussi.

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  4. On sent que ton cri sort "des tripes" si tu me permets l'expression. Un combat douloureux pour toutes les femmes, un acte qui laisse irrémédiablement des traces....
    Bises à toi Malou

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    1. Oui, Oxygène qui laisse des traces indélébiles même si la vie est si forte que bien sûr on avance et on construit mais la faille est là, dans un petit coin de sa conscience. Bises. Heureuse de te revoir ici.

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  5. Les hommes n'ont pas à dire ce que nous devons faire. Au lieu de semer à tout va et de nous rendre responsables de la germination, ils feraient mieux de faire attention pour déposer leur semence. Mais je pense que c'est beaucoup trop leur demander puisqu'ils disent la plupart du temps qu'ils sont instinctifs et que ce n'est pas de leur faute. Il y a aussi des moyens de contraception pour hommes, alors qu'ils s'en servent !!!!!!!! Oui les femmes devront toujours se battre pour ne pas subir les lois des hommes mais pour cela il faut qu'elles évacuent leurs peurs. Le sexe faible n'est pas la femme, c'est l'homme et pour cacher sa faiblesse il domine par la force non pas de son esprit mais en jouant les gros bras et en nous faisant peur ....... à nous de résister .....J'admire Simone Weil pour sa résistance et sa justesse de raisonnement.

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    1. hé bé ! Tu dois avoir un sérieux contentieux à régler avec "les hommes" pour t'exprimer ainsi.....
      De telles généralisations sont désolantes..... et en plus fausses !

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    2. ouh là là ! cela sent le vécu cette longue tirade anti-hommes ! tu as bien compris que ce n'était pas mon propos dans ce poème tripal mais juste le cri d'une femme blessée qui a dû se résoudre à l'impensable pour elle. Elle porte aussi sa propre responsabilité d'avoir laisser germer la vie. Et si elle est seule, l'histoire écrite ici ne dit pas pourquoi... j'ai juste souhaiter exprimer ce qui vibrait en elle.
      Quant à Simone Veil, moi aussi j'admire et j'ai admiré sa résistance mais n'oublions pas que pour elle c'était juste un acte de justice et de compassion pour éviter aux femmes de se faire avorter dans la clandestinité et l'illégalité au péril de leur vie. Ce n'était en aucun cas, un acte militant de disposer librement de son corps. Elle n'était nullement féministe comme pouvait l'être par exemple Gisèle Halimi ou Françoise Giroud. Bises

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  6. J'ai eu la chance de ne pas avoir à subir ce traumatisme dans cette si grande solitude... merci Malou pour tes mots durs... beaux !!
    Je ne suis pas très présente en ce moment... mais je ne t'oublie pas... j'espère que tu vas bien.
    Bisous
    Den

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    1. Merci de partager cette émotion tellement difficile à mettre en mots. Moi non plus je ne suis pas très présente sur la blogosphère et cela me désole mais ainsi va la vie qui nous entraine sur des chemins différents à certains moments de sa vie. Mais je pense à vous tous et suis tellement heureuse de voir que les fidèles sont toujours là. Bises ma chère Den. J'espère que toi aussi tu vas bien.

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  7. Quelle puissance dans ton cri ! J'aimerais qu'il cloue définitivement le bec à tous ceux qui pensent que l'avortement est une mesure de confort et de facilité, une contraception à moindre coût. Depuis que les débats font rage, on a entendu beaucoup d'ineptie et je ne crois pas qu'une femme puisse sortir indemne d'un avortement. Alors merci à Simone Weil de n'avoir pas lâché son projet de loi et merci à toi de le relayer de façon si forte. Bisous

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    1. Merci Cathycat pour tes mots justes qui montrent combien nous avons raison d'exprimer tout haut nos ressentis qui permettent ainsi de clouer le bec à ces péroreurs moralistes qui ne connaissent pas le sujet et qui se permettent de juger....Oui, il faut des courageux comme Simone Veil ou comme Lucien Neuwirth (régulation des naissances) et quelques autres pour faire avancer les débats sociétaux, dans le respect des femmes et des hommes. Bises. A bientôt.

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  8. Il est poignant ton poème.
    J'aurais pu le communiquer à certaines femmes que j'ai accompagné dans cette épreuve.
    Des amis proches on été meurtris de devoir en passer par là, après avoir eu deux enfants ayants des problèmes génétiques aux conséquences importantes.
    les "accidents de contraception", ça existe...

    Merci pour ce billet

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    Réponses
    1. Oui, cela existe et il est humain, courageux, bienveillant, charitable de ne pas éluder le débat et de nous accueillir nous les femmes dites pécheresses sans que la religion ne procède à la moindre exclusion ou jugement, ce qui n'est pas toujours le cas, hélas!!!! Merci pour tes mots, Alain, toujours bienveillants et justes. A bientôt.

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Quel plaisir de lire vos commentaires, ces petits cristaux de sel que j'aime à déguster, délicatement posés sur la chair de votre sensibilité, de votre générosité. ! Ici on se dévoile...donc point d'anonymat...au moins un pseudo...merci.

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